Formation continue à la HEP Berne: L’IA à l’école

Nino Zehnder enseigne dans une classe d’élèves ayant des besoins éducatifs particuliers. En plus, il donne des cours à la HEP Berne. La formation continue «L’IA à l’école» vise à transmettre des connaissances de base et à susciter la réflexion. Le cours - ou un exposé de 2 heures - est également donné sur place dans les écoles.

Nino Zehnder, vous dites que l’intelligence artificielle est un sujet qui concerne les écoles. C’est-à-dire?

«Les écoles doivent prendre position face à l’IA. L’IA a le potentiel de bouleverser nos vies et nos façons de travailler. Et vu que les établissements de la formation ont pour but de préparer le mieux possible les jeunes à la vie, elles ne peuvent ignorer cette nouvelle technologie. Depuis le lancement de ChatGPT, tout le monde en parle. Les élèves vont l’essayer. Si ce n’est à l’école, ce sera à la maison.»

À qui s’adressent les cours de formation continue «L’IA à l’école»?

«Aux personnes intéressées ainsi qu’aux esprits critiques des cycles 1 à 3. Nous transmettons des connaissances de base, abordons les conséquences que l’IA peut avoir sur notre quotidien et à l’école et nous faisons des essais avec différentes IA génératives de texte, d’images et de son. L’objectif du cours est d’inciter à la réflexion. Du coup, nous parlons des défis et des obstacles, mais aussi des nouvelles possibilités et des opportunités.

Vous recommandez d’avoir l’esprit ouvert et d’écouter à la fois les voix critiques et enthousiastes.

«L’IA est un outil et un outil peut être utile ou nuisible. Avec un marteau, on peut enfoncer des clous, mais aussi des crânes. Pour faire bon usage d’un outil, il faut en connaître les possibilités mais aussi les risques.

Dans nos cours – et avec mes élèves – on parle des conditions d’utilisation, de la véracité des informations, c’est-à-dire comment vérifier l’exactitude des résultats fournis par l’IA, et aussi des méthodes pour évaluer la qualité des prompts et non des résultats. Les questions éthiques ou philosophiques sont également passionnantes. Avez-vous, par exemple, déjà réfléchi aux différences entre la créativité humaine et celle d’une machine? La machine crée des images à partir d’instructions et d’images existantes. Mais la créativité humaine fait également appel à des images existantes, à des impressions ou à des expériences vécues.

Pour les élèves de votre classe qui ont des besoins éducatifs particuliers, vous considérez l’IA comme une aide potentielle.

«Un ou une élève peut avoir des pensées tout à fait brillantes mais éprouver des difficultés de lecture ou de la peine à s’exprimer par écrit. Une IA pourrait lui lire l’énoncé de la tâche à haute voix et transformer ensuite ses idées en texte. Cela lui permettrait de vivre une expérience de réussite. Comme je l’ai déjà dit, je vois l’IA comme un outil. Mon ambition est de le maîtriser afin de l’utiliser de manière judicieuse.»

Nino Zehnder, vous soutenez que l’IA peut favoriser les relations humaines. Qu’entendez-vous par là?

«Si, grâce à la technologie, les tâches administratives et répétitives se font plus rapidement, il me reste plus de temps. Du temps pour moi-même et pour entretenir des contacts avec les autres. À l’école, c’est la même chose. Pour transmettre des informations, ma présence n’est pas forcément nécessaire. Mais lorsqu’il s’agit de développer l’esprit d’équipe, la capacité à collaborer et les compétences sociales, je joue un rôle important.

En ce qui concerne la technologie, nous sommes actuellement dans une phase passionnante, voire même décisive pour l’avenir. Il y a plein de questions auxquelles, même en tant qu’enseignant, je n’ai pas réponse. Mais j’aimerais inciter à la curiosité et à la réflexion.»

Un grand merci, Nino Zehnder pour cet entretien passionnant et inspirant. J’ai le cerveau qui fume – et c’est bien ce que vous vouliez! 😉